En éloge et en mémoire d’une presse
écrite,
inventive,
indépendante
et engagée :
En éloge et en mémoire d’une presse
écrite,
inventive,
indépendante
et engagée :
19 avril 2014 dans Mes années Libé | Lien permanent | Commentaires (0)
On se sait bien piètre écrivain et l'on ne tolèrerait pas la médiocrité sur un tel sujet. On préfère donc s'en remettre à la plume talentueuse et sensible de Jean-Claude Carrière (dans sa préface à Au commencement étaient les dieux, Tallandier, 2004) pour dire une part de la vérité de cet homme, disparu il y a un peu plus de six mois et que l'on a profondément aimé. L'essentiel y est...
Prendre pour épouse une femme qui s'appelle Pénélope (et que nous appelions Peny) suppose, évidemment, un certain goût de la patience. L'étude du passé n'est peut-être qu'une tapisserie qui se défait sans cesse, une suite d'accrocs, de raccomodages, de soudaines fulgurances, de repentirs, de déceptions.
Pour ce travail, il faut aussi de la confiance, peut-être même de la foi, il faut parier sans cesse que le passé peut être connu, qu'il est là pour ça, qu'il nous a laissé des indices. A son insu, la plupart du temps, comme nous en laissons pour ceux qui nous suivront.
Heureux ces dimanches où, avec Annie et Abraham Segal, avec l'historienne et sinologue Nahal Tajadod, nous partions en voiture pour Gif-sur-Yvette, où les Bottéro nous attendaient tout sourire et les bras ouverts. Abraham et Annie apportaient les fromages, je me chargeais des vins. Nous rencontrions souvent là-bas, outre Peny et les enfants, quelque savant ou savante de passage, nous parlions de tout et de rien, du monde d'hier et d'aujourd'hui, qui étrangement, pour un dimanche, n'en faisaient qu'un.
Et surtout : Jean Bottéro faisait la cuisine. Non pas la cuisine mésopotamienne, qu'il a révélée à nos contemporains, mais une cuisine bien de chez nous, à base de cassoulet, de gigot, d'aïoli : menu annoncé à l'avance, des semaines plus tôt, et pour lequel j'avais choisi les vins.
Il fallait le voir à ses fourneaux, un tablier fleuri autour des reins, inquiet comme tous les gourmets qui décident de se mettre à l'épreuve, maniaque sur les rituels, pessimiste sur la cuisson, précis sur le moment de prendre place à table, sceptique avec les compliments et portant le vin à son nez, puis à ses lèvres, avec un ravissement qui ressemblait à de la béatitude, à un contact indiscutable avec le sacré.
Nous commencions à parler un peu plus tard. Jean évoquait quelque lecture, les dernières fouilles, il s'alarmait des guerres au Moyen-Orient, où les morts ont autant à souffrir que les vivants, il décochait une flèche douce-amère à Freud, il racontait une blague, il célébrait allègrement Toto, le comique italien - lequel descendait, il est vrai, de la famille impériale byzantine.
Ce que j'aime en lui, c'est que le vivant ne se sépare pas des morts. Les uns appellent l'autre. Tout se touche, tout se rejoint. Jean est le contraire d'un scientifique desséché analysant de la poussière obscure. Avec les hommes et les femmes d'autrefois, et particulièrement avec les habitants de cette Mésopotamie qu'il a tant contribué à nous faire connaître, il a un rapport direct, immédiat, une relation de voisin à voisin. On a toujours l'impression, à Gif-sur-Yvette, qu'ils vont pousser la porte et entrer.
Comme on va le voir dans les pages qui suivent, Jean a connu intimement les prostituées de Babylone, il raconte comment elles faisaient l'amour (assez bien, semble-t-il, mais avec une lacune qu'il tient à signaler), il a très bien connu Gilgamesh, il a pleuré la mort d'Enkidu, il a assisté (et peut-être participé) à la rédaction de la stèle d'Hammourabi, qu'il connaît par cœur, il sait comment on cuisinait, on jardinait, on commerçait, pourquoi on mélangeait le miel avec du sel, comment on fabriquait du vin dans un pays de bière.
Et ainsi de suite. Il connaît même les sentiments, les secrets, les souffrances de ces cœurs anciens, il a retrouvé des tristesses, des questions sans réponse, que quelque fois nous nous posons encore - sur l'existence du mal et du crime dans ce monde que nous aimerions sans reproche. Il a suivi le chemin de Dieu, tracé lentement par les hommes, et il nous entraîne à ses côtés, de Sumer à Jérusalem, en passant par Ur et l'Egypte.
Intarissable, après des années de déchiffrage de ces immenses bibliothèques d'argile ( les livres, alors, étaient faits d'argile, comme les hommes), de ces milliers de tablettes portant des caractères que nous avons nommés cunéiformes, de lettres, de noms, de phrases qui nous attendaient en silence depuis des millénaires pour nous parler enfin de nos commencements, de la plus vieille civilisation connue.
Jean Bottéro est un vivant, un très bon vivant. Il est aussi un scientifique, formé à certaines méthodes, et un homme d'idées. Derrière cette résurrection d'un monde, précise et par moments miraculeuse, il nous rappelle à chaque instant que nous devons nous méfier de toutes choses, même de nos pensées, même de l'histoire, surtout quand elle fait entrer en scène des nationalismes brutaux, qui cherchent leur source, et la raison de leur suprématie, dans une ancienneté légendaire.
Il nous dit aussi que les empires mésopotamiens ont exercé une vive influence tout autour d'eux, sur les Sémites (le premier récit du Déluge n'est pas biblique, il est sumérien), sur les Grecs (par un souci d'approche curieuse et d'observation précise de la nature), sur toute une partie du monde où ils ont généralisé l'emploi quotidien de l'écriture, et même sur l'Inde, qui semble avoir été séduite par une astrologie venue de l'ouest.
Dans cette étonnante série de textes dont la lecture est inséparable, pour moi, de la voix de Jean, de sa rondeur, de sa verve, de sa joie, on peut sentir à chaque instant comment le monde s'offre d'abord à notre égard, puis à notre pensée, comment celle-ci s'en saisit, l'étudie, l'analyse, le compare, élargissant sans cesse ce trésor que nous appelons le savoir.
On peut voir aussi, quelquefois, comme dans un dimanche à Gif-sur-Yvette, comment la vie, par la grâce d'un individu, peut réunir ce que les siècles avaient jusque là séparé.
Jean-Claude Carrière
Liens : Jean Bottéro est mort
L'hommage de Philippe-Jean Catinchi dans Le Monde daté du 26 décembre 2007
21 juin 2008 dans Lorsque les dieux faisaient l'homme (Jean Bottéro) | Lien permanent | Commentaires (0)
« Seuls ceux que j’aime Seuls ceux que j’aime Écoutez ! »
14 juin 2008 dans Les Mille-Feuilles | Lien permanent | Commentaires (0)
Comment comprendre que l'on commémore à ce point – notamment dans l'édition ! – ce qui s'est passé en France il y a quarante ans ? Qu'a donc représenté ce moment singulier dans le parcours et l'engagement d'un homme, dans l'histoire contemporaine et dans l'évolution du monde ?
Telles sont, entre autres, les questions dont nous pourrons débattre avec nos invités
le mardi 17 juin prochain à 19h30 – exceptionnellement au restaurant Le Christine
(1 rue Christine – 75006 Paris, métro: Odéon ou Saint-Michel, tél.: 01 40 51 71 64). Nous vous proposons en effet d'y rencontrer, dans le cadre des Mille-Feuilles :
- Alain GEISMAR, responsable d'un syndicat de l'enseignement supérieur en Mai 68, pour: Mon Mai 1968, témoignage et réflexions, Perrin, 2008,
- Philippe ARTIÈRES et Michelle ZANCARINI-FOURNEL, historiens, co-directeurs de:
68, une histoire collective (1962-1981), ouvrage collectif, La Découverte, 2008,
- Bernard GUETTA, journaliste et écrivain, chroniqueur à France Inter et à Libération
(Le Monde est mon métier, avec Jean LACOUTURE, autobiographies, Grasset, 2007).
Ces trois livres seront abondamment disponibles sur place grâce à Fabien Rajalu et sa librairie L'ALINÉA, sise 227 rue de Charenton – 75012 Paris.
Plan pour se rendre au restaurant Le Christine :
La présentation et l'échange, formalisés,
seront suivis d'un second temps, plus informel, autour d'un repas,
le tout, indissociable, pour le prix de 21 € (hors boissons).
IL EST PRUDENT ET SOUHAITABLE DE RÉSERVER !
Pour cela :
écrire à [email protected]
ou téléphoner à Frédéric Fredj au 06 08 43 50 53.
25 mai 2008 dans Les Mille-Feuilles | Lien permanent | Commentaires (0)
La radio ne l'a (très brièvement) annoncé que ce matin : l'écrivain et scénariste Frédéric H. Fajardie est mort jeudi dernier 1er mai à l'âge de 60 ans.
Drôle de date, pour un camarade… Drôle de période également, pour l'auteur de
Jeunes femmes rouges toujours plus belles, en pleine "commémoration nationale" des quarante ans de… – de quoi, au fait ?
Saleté de crabe !
Jeunes femmes rouges toujours plus belles, mais aussi Tueurs de flics, La Nuit des Chats bottés, Sniper, Un homme en harmonie, Ciao, Bella, ciao !, etc. (dont l'ultime Tu ressembles à ma mort, noir de chez noir) : plus de soixante-dix titres en tout.
Une fois de plus - après Paul Steinberg, Liliane Dayot, Jacques Lacarrière et Pierre Vidal-Naquet -, les Mille-Feuilles portent le deuil d'un de leurs invités. Frédéric Fajardie était en effet venu à La Canaille le 16 octobre 2002, avec Jean-Bernard Pouy, Catherine Simon et Martin Winckler, pour participer à une rencontre intitulée
NOIRS DÉSIRS et parler de ses deux derniers livres du moment, Les Foulards rouges et Un pont sur la Loire. Ce soir-là, il nous avait entre autres expliqué que, pour lui, un roman devait d'abord raconter une histoire, et qu'à force de côtoyer tous les jours la tristesse des voyageurs lisant dans le train il veillait de plus en plus à ce que les siennes ne se terminent pas trop mal.
Et puis, il y a un peu plus d'un an, il m'avait donné son accord de principe pour "remettre ça" aux côtés d'Arturo Pérez-Reverte et de François Maspero
– si cela se faisait…
Cela se fera peut-être, mais hélas sans ce maître du genre et cet orfèvre du style, qui pratiquait avec autant d'aisance et de bonheur le roman noir, le roman sombre, le roman historique et le pamphlet, et à qui, tristement, je rends le « salut rouge » qu'il m'avait adressé jadis sur la page de garde de sa Chronique d'une liquidation politique.
Son site officiel : http://fajardie.free.fr/
06 mai 2008 dans Les Mille-Feuilles | Lien permanent | Commentaires (1)
De même que je ne quitte jamais l'épicerie de mon quartier sans enfourner un petit nounours en guimauve enrobée de chocolat (la boîte - ouverte - est judicieusement placée juste à côté de la caisse), au moment de régler mes achats dans une librairie, je jette toujours un coup d'œil sur les petits livres qui encombrent généralement le comptoir. Et je ne suis jamais déçu. C'est ainsi que chez Monèle et Yves, à Uzès, je suis tombé l'an dernier sur ce que j'ai lu jusqu'à présent de plus beau et de plus cohérent contre la création d'un ministère de l'identité nationale : Quand les murs tombent, par les écrivains martiniquais Édouard Glissant et Patrick Chamoiseau. Chez Colette, à Paris, c'est pareil, et son antique comptoir en bois et cuivre est un véritable étal à friandises, constamment renouvelées. De Lire aux cabinets, d'Henry Miller, au Bréviaire de la gueule de bois, d'Orlando de Rudder, en passant par le kitchissime Comment repasser sa chemise (et autres bonheurs domestiques), ou encore le savoureux et néanmoins très respectueux recueil d'instructions aux soldats britanniques s'apprêtant à débarquer en France (édition bilingue préfacée par Pierre Assouline), ce sont autant de "nounours" qu'au fil des mois j'ai emportés et dégustés à la terrasse du Bouledogue, à l'heure de l'apéro. Dernier en date : Platon et son ornithorynque entrent dans un bar, dédié à Groucho Marx. Les deux auteurs, américains, se proposent de passer en revue les principaux domaines de la philosophie et d'en expliquer/illustrer les concepts par des histoires drôles (des "philoblagues"). Le livre en est littéralement truffé ! Cela donne ceci [extraits] :
« Dans les annales de la littérature, aucun héros n'est renommé pour ses pouvoirs de "déduction" autant que l'intrépide Sherlock Holmes, mais on a bien tort d'en déduire que Holmes suivrait les règles de la logique déductive. Car c'est à la logique inductive qu'il fait appel en général : il commence par observer soigneusement la situation, puis il généralise à partir de ses expériences antérieures, avec un zeste d'analogie et un soupçon de probabilité, comme dans l'histoire suivante :
Holmes et Watson font du camping. Soudain, au cœur de la nuit, Holmes se réveille et donne un coup de coude au Dr Watson. « Watson », dit-il, « regardez le ciel et dites-moi ce que vous voyez. »
« Je vois un million d'étoiles, Holmes », dit Watson.
« Et à quelle conclusion arrivez-vous, Watson ? »
Watson réfléchit quelques instants. « Eh bien », dit-il, « en termes d'astronomie, cela me dit qu'il y a des millions de galaxies et potentiellement des billions de planètes. En termes d'astrologie, j'observe que Saturne est dans le Lion. En termes d'horlogerie, je déduis qu'il est approximativement trois heures et quart. En termes de météorologie, j'ai comme l'idée qu'il fera beau demain. En termes de théologie, je vois que Dieu est tout-puissant, et que nous sommes petits et insignifiants. Hum, mais que vous en semble, à vous, Holmes ? »
« Watson, vous n'êtes qu'un idiot ! On nous a volé notre tente ! »
Induction. Cela fait des années que nous nous trompons dans la qualification du talent de Holmes.
(…) Si la philosophie s'enduit d'erreur, c'est dans la majorité des cas à cause de sa propension à manier des points de vue relatifs comme s'ils étaient absolus. Thomas Jefferson, s'inspirant du philosophe anglais John Locke, affirmait que le droit de vivre, la liberté et la poursuite du bonheur allaient de soi, sans doute parce qu'il pensait que c'étaient là des valeurs universelles et absolues. Mais cela ne va pas de soi pour une personne d'une autre culture - disons un islamiste radical qui pense que la recherche du bonheur est exactement ce qui caractérise un infidèle. L'erreur inverse est aussi possible. Nous pouvons conférer de la relativité à quelque chose qui est absolu :
L'homme de quart sur un cuirassé aperçoit une lumière droit devant. Le capitaine lui dit d'entrer en contact avec l'autre bâtiment.
« Ordre de dévier immédiatement de vingt degrés ! »
La réponse revient : « Ordre à vous de dévier immédiatement de vingt degrés ! »
Le capitaine est furieux. Il envoie un message :
« Je suis capitaine. Nous sommes maintenant sur une voie de collision. Modifiez votre cap de vingt degrés sur-le-champ ! »
La réponse revient : « Je suis matelot de deuxième classe, et je vous somme de modifier votre cap de vingt degrés. »
Sous l'effet de la colère, le capitaine est maintenant hors de lui. Il envoie un autre message : « Je suis un cuirassé ! »
La réponse revient : « Je suis un phare. »
Veillez à avoir bien présentes à l'esprit ces considérations profondes sur la relativité la prochaine fois que vous commanderez un dîner chinois - c'est-à-dire, traduit du chinois, un dîner. »
Les passants de la rue Rambuteau m'ont vu pleurer de rire…
(trois sites à visiter : Les Cahiers de Colette - Le Bouledogue - Le Parefeuille)
27 avril 2008 dans Balance, ascendant balance | Lien permanent | Commentaires (3)
Encore un grand moment d'intelligence et d'émotion ce soir chez Colette (médio-crement saisi par mon vieux téléphone mobile) : Virginie Linhart et Olivier Rolin, Olivier Rolin lisant Virginie Linhart, Virginie Linhart filmant Olivier Rolin, pour un livre extrêmement attachant et très bien écrit, Le jour où mon père s'est tu - dévoré illico et d'une seule traite sur la banquette du Bouledogue ! "C'eravamo tanto amati"…
« Finalement, une chose a marqué Ève, vraiment, c'est ce disque de Dominique Grange, Les nouveaux partisans, qu'elle écoutait petite fille, comme moi, en boucle. Spontanément, nous l'entonnons. Ce disque, c'est notre madeleine à nous. »
(Virginie Linhart, Le jour où mon père s'est tu, page 52)
18 avril 2008 dans Qui a tué Serge L. ? | Lien permanent | Commentaires (2)
Corsaires du Levant, sixième épisode des Aventures du Capitaine Alatriste, vient d'être édité par Le Seuil (comme tous les livres d'Arturo Pérez-Reverte), toujours traduit de l'espagnol par l'excellent François Maspero. Je ne l'ai pas encore lu mais m'en régale d'avance. Une appétissante "mise en bouche" nous est d'ailleurs fournie par la quatrième de couverture, que l'on découvrira en cliquant ici et qui expose, sans le déflorer, l'essentiel de ce qu'il y a à savoir sur ce roman et son auteur.
On sait, depuis
http://anatoll4.typepad.fr/le_voyage_de_lincredule/2007/12/capitn-alatrist.html,
par quel lien les Mille-Feuilles sont attachés à ce XVIIème siècle espagnol "de cape et d'épée" - et de poésie - tel que le ressuscitent le talent narratif, l'érudition et l'humanisme d'Arturo Pérez-Reverte. Que l'on sache donc aussi que, pour marquer les dix ans des Mille-Feuilles, nous espérons pouvoir bientôt inviter Arturo Pérez-Reverte et François Maspero - inch'Allah !
06 avril 2008 dans Les Mille-Feuilles | Lien permanent | Commentaires (0)
Un chauffeur de taxi qui ne fait pas la gueule, qui ne vous prend pas pour un touriste japonais, qui roule normalement, qui a l'air de connaître un peu Paris et qui ne vous assène pas les banalités d'usage sur l'ingratitude de la vie en général et de son métier en particulier, c'est rare.
Mais un chauffeur de taxi qui en plus se propose de vous offrir la course si vous parvenez à deviner à quelles chansons correspondent la vingtaine d'introductions musicales qu'il a préalablement enregistrées à cette intention, c'est tout à fait exceptionnel, ça vous réconcilie avec toute la corporation et vous fait même oublier qu'il n'arrête pas de pleuvoir en ce moment sur Paris.
Salut et merci, donc, au "taxi" inconnu attrapé au vol hier soir dans l'Île Saint-Louis, et qui semblait regretter que nous n'allions ni aux Baléares, ni à l'Île Maurice (et pardon de n'avoir reconnu que quinze "intros") !
La chanson qui a tout déclenché :
31 mars 2008 dans Balance, ascendant balance | Lien permanent | Commentaires (0)
En ces temps de grisaille et de morosité, un programme "vert tilleul" nous est venu…
Puisse-t-il nous apporter la lumière dont nos corps et nos esprits ont tant besoin !
SANS OUBLIER : www.mille-feuilles.fr
29 mars 2008 dans Les Mille-Feuilles | Lien permanent | Commentaires (0)
Discours prononcé par le Président Shimon Pérès à l'inauguration du Salon du Livre de Paris (13 mars 2008).
Gustave Flaubert a dit une fois qu’il y a séparation complète entre Dieu et l’Homme. Dieu est responsable de la Genèse et de la Fin tandis qu’à l’homme incombe la responsabilité de ce qui se passe entre ces deux instants. C’est une lourde responsabilité, car après la création du monde l’homme n’a pas cessé de créer. C’est donc à lui qu’incombe la responsabilité de créer la culture du peuple et de l’État, de la préserver et de la renouveler.
Tout au long de l’Histroire, de nombreux peuples, empires et puissances ont bâti des palais, des tours, des pyramides, des temples et des pagodes ; ces édifices sont fixés au sol – ils n’ont ni jambes pour marcher ni ailes pour voler.
Nos ancêtres les Hébreux n’ont pas laissé derrière eux d’édifices somptueux mais des livres remplis de sagesse et d’inspiration : la Bible, le Tamud, la Michna, les Légendes et la Poésie. Ils demeurent bien vivants. Ce ne sont pas des biens immobiliers, au contraire, ils sont bien mobiles, ils sont transmis de génération en génération, d’un site à l’autre, de la source à la traduction, de la patrie à l’Exil. Tout compte fait, on ne peut transporter sa Terre en Exil, mais la langue, même en Exil, elle demeure patrie.
Les édifices sont usés par le temps, leur matière est périssable : le bois pourrit, le fer rouille, le plâtre s’effrite. Leur beauté demeure, mais en vérité, ce ne sont que des ossatures muettes, dénuées d’esprit. En revanche la langue est un organisme vivant. Elle accumule son patrimoine et en tout lieu où la fondation humaine est fertile, ses germes poussent à nouveau.
Nos parents ne parlaient pas hébreu. Tout au plus ils priaient dans cette langue. Une infime minorité croyait possible de transformer une langue antique et archaïque, ayant gelé dans les Écritures et les livres de prière, en une langue vivante : langue d’écoliers, langue écrite et lue au quotidien, langue parlée, langage scientifique et langue du marché.
Les édifices des Grecs, des Assyriens, des Romains demeurent, mais leur langue a changé. Il n’y a qu’en Israël que nous parlons la langue des Prophètes. Et comme dit Ephraïm Kishon, nos enfants enseignent à leurs mères la langue maternelle.
Lorsque Moïse descendit du Mont Sinaï avec les Tables de la Loi, le code moral du Peuple juif fut créé. Les 169 mots des Dix Commandements sont l’acte de naissance du Peuple juif et de l’État d’Israël. Ils sont devenus la Charte constitutive de la civilisation occidentale. Toutes les tentatives de les modifier, de les remplacer, de les annuler, ont été vouées à l’échec.
Il est difficile de comprendre la renaissance du Peuple juif en Israël sans savoir qu’il s’agit d’une double renaissance : celle de la patrie et celle d’une civilisation antique.
La contribution des auteurs à cette renaissance a été décisive. Nous avons la chance d’avoir parmi nous des écrivains de premier ordre qui sont écoutés par le monde entier. L’un d’entre eux, Amos Oz, a observé : « Plus le récit est provincial, plus il est global ». Nos auteurs ont mis notre vérité en avant, au niveau global, et celle-ci a été reconnue de tous.
La Révolution française a changé le cours de l’histoire du peuple français, mais elle s’est déroulée sur le sol français. La Révolution juive était un retour vers son histoire à la fois culturelle et territoriale. Ces deux révolutions furent portées sur les épaules d’écrivains, de poètes et de créateurs dans tous les domaines. Ils ont devancé les hommes politiques.
Les Français appellent leur nouvelle république "La République des Lettres". Ce nom convient aussi à notre révolution.
L’homme qui a compris la possibilité de cette liaison, longtemps avant qu’elle ne se réalise, fut Rachi, le Vigneron de Troyes, qui vivait dans la France du onzième siècle. Sans son interprétation de la Bible on aurait du mal à comprendre ce qui se cache entre ses versets. Il était un linguiste virtuose ; il écrivait le français dans l’alphabet hébraïque, ce qui a permis aux Français contemporains de connaître la prononciation médiévale des mots. Il a créé de nouveaux mots français pour rester fidèle à la source dans sa traduction française de la Bible.
La langue n’a pas de frontières mais un État en a, et doit les défendre. Une langue sans État vaut bien un État sans langue. Elle est soit orpheline, soit muette. Nous n’avons pas de frères en langue, ni de soeurs en religion, et nous n’avons d’alternative ni à l’une, ni à l’autre.
La France nous a aidés à sauver nos vies et à défendre notre patrie. Mais nos relations vont bien au-delà de la sécurité : depuis la création de l’État d’Israël, il y a soixante ans, plus de 2500 titres ont été traduits du français à l’hébreu, et près de 1000 titres de l’hébreu au français. Un pays peut être petit ou grand ; mais l’esprit peut soit souffler soit expirer en bas âge.
Si le roi David nous rendait aujourd’hui visite pour voir une pièce de théâtre en Israël, il verrait probablement que sa harpe s’est affinée sans pour autant cesser de jouer. Les versets de ses psaumes sont toujours récités en hébreu moderne. Le roi Salomon lui-même n’aurait aucune peine à recevoir le Prix de Littérature de l’Israël moderne pour ses grandes oeuvres poétiques : l’Ecclésiaste et le Cantique des Cantiques.
La langue construit les livres, tout comme les briques construisent les maisons. Comme l’architecte qui conçoit un immeuble, l’écrivain est l’architecte du livre. Il faut de l’argent pour acquérir une maison ; mais pour acheter un livre il faut avoir soif de sagesse. Le livre accompagne le peuple, il accompagne l’homme tout au long de sa vie. Même dans ses moments de gloire un peuple reste solitaire. Même dans l’abondance, l’homme doit dialoguer avec lui-même. L’Israël moderne, tout comme la France de la Culture, a été créé dans un Livre et il existe dans les livres. Ces livres le sauvent de son isolement et sauvent l’homme de sa solitude. Comme le dit si bien le poète indien : « Je suis seul. Tu es seul. Soyons donc seuls ensemble ».
Je vous suis reconnaissant, chers écrivains. Vous, qui remplissez nos fleuves, nos lacs et nos mers d’une sagesse sans égale. La littérature a été et demeure mon premier amour. Je rêve de m’endormir avec un livre hébraïque en main et de me réveiller avec un livre français. Les poèmes résonnent en moi comme des sons délicats et passionnés. Une prose de qualité m’enivre et m’oblige à tout repenser. Je suis triste de finir un bon livre car je crains de ne lui trouver de digne concurrent. Il est difficile à l’homme de réaliser son rêve, mais si c’était possible j’aurais voulu être architecte de poèmes, constructeur d’édifices ou même pouvoir dialoguer avec les étoiles au firmament.
Malheureusement, je n’y suis pas parvenu. Il ne me reste plus que d’être le fervent admirateur de la République des Lettres et d’entretenir mes relations avec ses créateurs et citoyens. C’est peut-être l’avantage d’un Président d’État : personne ne peut censurer ses rêves.
15 mars 2008 dans Les Mille-Feuilles | Lien permanent | Commentaires (0)
« La conception, l’organisation, l’animation et la promotion de rencontres littéraires mensuelles publiques dans des restaurants – avec l’invitation d’auteurs –, afin de soutenir la lecture, le livre imprimé, la librairie indépendante et l’édition de qualité, ainsi que de favoriser leur accès au plus grand nombre », tel est l'objet de l'association qui a pour nom "Les Mille-Feuilles" et dont les statuts ont été déposés en préfecture le 26 décembre dernier (siège social : 26 rue Saint-Louis-en-l'Île – 75004 Paris, insertion n°1540 au Journal Officiel du 19 janvier 2008).
Ses trois membres fondateurs – Frédéric FREDJ, éducateur spécialisé (Président), Fabien RAJALU, libraire (Trésorier) et Audrey DEBUYSSCHER, chef de service en Propriété Intellectuelle (Secrétaire) – ont été rejoints par Dominique BRARD, réalisatrice et scénariste, Michèle GAZIER, écrivain, et David FONTAINE, journaliste, pour former un Conseil d'administration qui ne tardera pas à lancer une campagne d'adhésions destinée à soutenir l'activité et les buts de cette (toute jeune) association.
À très bientôt, donc !
Pour davantage de précisions :
écrire à [email protected], consulter www.mille-feuilles.fr
ou téléphoner à Frédéric Fredj au 06 08 43 50 53.
26 février 2008 dans Les Mille-Feuilles | Lien permanent | Commentaires (0)
18 février 2008 dans Balance, ascendant balance | Lien permanent | Commentaires (0)
30 janvier 2008 dans Qui a tué Serge L. ? | Lien permanent | Commentaires (0)
L'aventure des Mille-Feuilles se poursuit donc dans l'Île Saint-Louis,
au restaurant LES FOUS DE L'ÎLE
(33 rue des Deux-Ponts - 75004 Paris, métro: Pont-Marie, tél.: 01 43 25 76 67).
Ce sera désormais le mardi soir - toujours une fois par mois.
La "formule" reste inchangée, mais son prix est ramené à 21 € (hors boissons).
Et puis Les Mille-Feuilles, c'est aussi maintenant le nom d'une association à buts non lucratifs, nous en reparlerons après que son "acte de naissance" sera paru au Journal Officiel (dans trois semaines environ).
En attendant, vous découvrirez en cliquant sur les liens ci-dessous le détail de ce que nous avons prévu de vous proposer pour les deux prochains mois. Avec en ouverture quatre auteurs et une libraire - tous de l'Île Saint-Louis, bien sûr…
Téléchargement MF_trim1-08.jpg
Téléchargement MF_trim1-08.pdf
Rendez-vous le mardi 12 février et le mardi 25 mars, donc !
Pour plus de précisions :
écrire à [email protected], consulter www.mille-feuilles.fr
ou téléphoner à Frédéric Fredj au 06 08 43 50 53.
21 janvier 2008 dans Les Mille-Feuilles | Lien permanent | Commentaires (0)
La voix était chaleureuse et claire, le propos subtil et précis, le contexte connu et maitrisé, l'offre et ses promesses déclinées avec tact : c'était une tentative de débauchage en règle (sous couvert de "politique d'ouverture"), et ça s'est passé hier après-midi au téléphone.
Peu importent, au fond, le nom et la qualité des protagonistes, même si j'étais à l'un des deux bouts de la ligne (dans le rôle du - petit - poisson à ferrer) : cela prête d'abord à sourire, puis ça donne à réfléchir.
Ils en sont donc là… - tous !
Ségo-Sarko (et leurs avatars locaux) ? Les deux faces d'une même vacuité - et le même mépris pour l'éthique républicaine.
04 janvier 2008 dans Qui a tué Serge L. ? | Lien permanent | Commentaires (0)
25 décembre 2007 dans Balance, ascendant balance | Lien permanent | Commentaires (0)
La terrible nouvelle, prévisible, redoutée, vient de me tomber sous les yeux :
Jean Bottéro s'est éteint samedi dernier à Gif-sur-Yvette.
Et brusquement s'éteint au fond de moi une lumière qui m'éclairait depuis l'enfance.
Je l'évoquais ce matin encore, dans un courriel à une amie…
Un jour peut-être, si j'en ai le talent, je dirai ici l'homme qu'il fut
– et tout ce que je lui dois.
Pour l'heure, je suis à mon travail, et j'ai juste envie de pleurer.
21 décembre 2007 dans Lorsque les dieux faisaient l'homme (Jean Bottéro) | Lien permanent | Commentaires (0)
15 décembre 2007 dans Qui a tué Serge L. ? | Lien permanent | Commentaires (0)
On peut dire beaucoup de choses de Christophe Girard - et d'aucuns ne s'en privent pas ! Il est vrai que l'homme et le politique savent ne laisser personne indifférent, ce qui n'est pas donné à tout le monde mais est souvent à double tranchant…
Les parisiens se souviendront sans doute qu'il aura été pendant sept ans l'adjoint de Bertrand Delanoë en charge de la Culture. Dans quelques semaines, ils seront démocratiquement appelés à en juger, comme de l'ensemble de l'action municipale (à laquelle NOUS avons TOUS contribué et dont, très honnêtement, nous n'avons pas à rougir, bien au contraire).
Pour ma part, outre les moments intenses partagés au Conseil du quatrième arrondissement durant toute cette mandature, je me rappellerai longtemps sa participation enthousiaste, en octobre 2006, à "la première" des Mille-Feuilles au restaurant Candide, pour deux beaux petits livres, sensibles et forts. À l'époque, Christophe, Philippe et Mazarine étaient très engagés aux côtés de Ségolène Royal dans la campagne de désignation interne au PS, tandis que je soutenais à fond - et ils le savaient - la candidature de Dominique Strauss-Kahn. Cela n'a pas empêché que ce soir-là priment la générosité, l'intelligence ... et la littérature.
Mais je n'oublierai surtout jamais son appel téléphonique dimanche matin chez moi, alors que j'essayais péniblement de digérer la grossièreté et la brutalité avec lesquelles j'avais été "débarqué" - en cinq minutes et sans aucune explication. Je n'oublierai jamais que Christophe Girard aura finalement été LE SEUL de "ces gens-là" à prendre - longuement - de mes nouvelles et à m'assurer de sa sympathie, à s'être souvenu que derrière les rôles et les fonctions, par-delà la constance et la loyauté des engagements, il y a des "vraies personnes".
Merci.
06 décembre 2007 dans Qui a tué Serge L. ? | Lien permanent | Commentaires (0)
Depuis le "lancement" des Mille-Feuilles à l'automne 1998, cette citation, extraite du deuxième volume des aventures du Capitaine Alatriste, figure sur tous les programmes qui les annoncent. Elle a souvent été mal comprise (« élitiste !», « méprisant ! »), alors qu'il ne s'agissait que d'une mise en garde contre l'obscuran-tisme et tous les fanatismes – mieux vaudrait ne lire aucun livre que de n'en lire qu'un seul : la Bible, le Coran, le Petit Livre Rouge, etc., au nom duquel on interdit tous les autres (l'action de ce roman d'Arturo Pérez-Reverte se déroule au temps de l'Inquisition espagnole). Voilà également pourquoi tous les genres, tous les styles, tous les thèmes sont admis aux Mille-Feuilles, pour peu que cela donne de bons livres, que l'on a plaisir à lire et dont on a plaisir à parler (car il existe aussi des bons livres "de droite" et des mauvais livres "de gauche" – mais oui !).
Les Mille-Feuilles ne pourront s'arrêter – sans frustration pour votre serviteur – qu'à partir du moment où l'on sera parvenu à y inviter Arturo Pérez-Reverte et son traducteur François Maspero (ce qui n'est pas une mince affaire, j'ai déjà essayé)...
01 décembre 2007 dans Les Mille-Feuilles | Lien permanent | Commentaires (0)
« Pour tout ça, le silence. » (Léo Ferré, Requiem)
« Je suis a priori contre tous ceux qui croient avoir absolument raison. (...) Je suis contre tous les systèmes politiques qui croient détenir le monopole de la vérité. Je suis contre tous les monopoles idéologiques. (...) Je vomis toutes les vérités absolues et leurs applications totales. Prenez une vérité, levez-la prudemment à hauteur d'homme, voyez qui elle frappe, qui elle tue, qu'est-ce qu'elle épargne, qu'est-ce qu'elle rejette, sentez-la longuement, voyez si ça ne sent pas le cadavre, gouttez en gardant un bon moment sur la langue – mais soyez toujours prêts à recracher immédiatement. C'est cela, la démocratie. C'est le droit de recracher. » Romain Gary (1957)
Du même, plus tard : « Je ne puis défendre que mes contradictions, mes approximations, le doute qui me garde, mes vérités incertaines et mes erreurs fraternelles. Il y a autour de nous, entre la vérité et l'erreur, une marge de relativité qui nous permettra toujours d'échapper à l'absurde, une marge suffisante pour y insérer notre désir triomphant. »
Ah, Madame la Maire, il ne suffit pas de l'inscrire sur son blog…
27 novembre 2007 dans Qui a tué Serge L. ? | Lien permanent | Commentaires (0)
Choc émotionnel hier soir chez Colette : les éditions de Minuit viennent de rééditer le très beau texte de Savannah Bay, pièce inspirée à Marguerite Duras par l'immense Madeleine Renaud. Elle fut créée au Théâtre du Rond-Point le 28 septembre 1983 par Madeleine Renaud et Bulle Ogier.
Du bonheur à l'état pur !
Je me souviens d'y avoir goûté trois fois - la dernière à la fin du mois d'octobre 1984,
alors que Bulle Ogier venait de perdre sa fille Pascale.
Choc émotionnel hier soir au Bouledogue :
je reçois la confirmation que "Les Mille-Feuilles" doivent de toute urgence trouver un nouveau lieu où se produire…
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LA REPRISE : SAVANNAH BAY
Il lui aurait demandé si elle jouerait Savannah Bay jusqu'à la fin. Elle aurait dit : « Sans doute, oui, à cause de ça, mais je n'en suis pas sûre. » Elle aurait souri de ce rire clair et fou, fou d'enfance. Elle se serait appelée Madeleine, dans la pièce, dans la vie. Elle serait Madeleine, éperdument. Madeleine dans la splendeur de l'âge du monde. Et c'est pour vous qu'elle jouerait Savannah Bay. Ce soir. Accompagnée par l'écho, le bras de Bulle. Au commencement, il n'y aurait eu qu'une dépêche, une photo rapidement légendée, un abrupt télex : « Madeleine Renaud et Bulle Ogier reprennent Savannah Bay de Marguerite Duras au Théâtre Renaud-Barrault. Pour quelques soirs. » Alors il aurait décroché son téléphone, composé le 42.56.60.70 et réservé sa place. Car il n'y aurait rien d'autre à faire.
(Jean-Pierre Thibaudat, Libération, mardi 28 mars 1989)
Ah oui, je me souviens : j'y suis allé cette fois-là aussi, bouleversé par ce "JPT à la manière de MD", en Une de Libé - car il n'y avait effectivement rien d'autre à faire…
15 novembre 2007 dans Les Mille-Feuilles | Lien permanent | Commentaires (3)
Il y a trente-cinq ans, des tablettes écrites en langues sumérienne et akkadienne ont été découvertes à Sippar, en Irak. Ces signes figurent la phonétisation de l’écriture.
Jean-Pierre FAYE, philosophe et poète
- Libération du jeudi 8 novembre 2007 -
Sippar est dans la plaine d’Irak. Une fouille archéologique, ouverte voilà trente-cinq ans environ, permet la découverte d’une bibliothèque d’argile. Où des tablettes d’écriture bilingue, en langue sumérienne et en langue akkadienne, l’une au-dessus del’autre à chaque ligne, sont rangées, debout, dans des rayonnages d’argile, comme nos livres. Que sont-elles devenues dans le pays pour lequel l’invasion de l’an 2003 programmait généreusement «3 000 bombes pour le premier jour» et «21 missiles de croisière» ? La maison des fouilles a été détruite en mars 2006. Les tablettes sont au musée de Bagdad : le travail de publication de ce corpus est en cours.
Sumer et Akkad… C’est la première superposition forte de cultures et de langues ; et elle produit, pour la première fois sans doute, cet effet inouï : la traduction. Chaque ligne en sumérien est traduite au-dessus en langue akkadienne. Cette opération aura pour effet le miracle survenu dans la graphie : la phonétisation de l’écriture. Des signes qui indiquent des sons, et non des choses. La griffure à la main, tenant un roseau taillé, va capter le son de la voix. Le geste des doigts capture la vibration de la gorge humaine : sa musique.
La circulation de la pensée, sa transmission de langue en langue, de culture à culture – depuis le philosophos athénien jusqu’au faylaçouf arabe et à la philosophia latine, puis italienne, française, anglaise, allemande, slave, plus tard traduite en signes japonais, et dans la splendeur des idéogrammes de la Chine. Cette couronne de langues est aujourd’hui la mesure de la pensée. Autrement dit, philosophie.
© Libération
08 novembre 2007 dans Lorsque les dieux faisaient l'homme (Jean Bottéro) | Lien permanent | Commentaires (0)
04 novembre 2007 dans Balance, ascendant balance | Lien permanent | Commentaires (0)
26 octobre 2007 dans Mes années Libé | Lien permanent | Commentaires (0)
Épigraphiste, assyriologue, poète – il a traduit Gilgamesh, la première épopée jamais écrite –, Jean Bottéro raconte ici, avec érudition et saveur, l’art culinaire et l’évolution des goûts (tout en dégustant une tourte aux cailles vieille de 4000 ans !).
25 octobre 2007 dans Lorsque les dieux faisaient l'homme (Jean Bottéro) | Lien permanent | Commentaires (0)
12 octobre 2007 dans Les Mille-Feuilles | Lien permanent | Commentaires (2)
J'ai toujours cru que la politique pouvait échapper
à sa caricature.
Je sais ce matin que je me suis trompé.
J'en tire les conséquences.
Télécharger Ma_profession_de_foi (2001)
Télécharger Notre_politique_du_logement
12 octobre 2007 dans Qui a tué Serge L. ? | Lien permanent | Commentaires (0)
Tous les matins sur France Inter, sa voix irremplaçable éclaire en trois minutes l'état du monde et ses enjeux.
Au moment de la campagne référendaire de 2005 sur le Traité constitutionnel européen, il fut, avec Olivier Duhamel, Philippe Val et, dans une moindre mesure, Serge July, l'un des hommes les plus insultés de France, alors qu'il se "contentait" d'exprimer avec courage, rigueur et lucidité la force des évidences.
Aujourd'hui, tandis que sa voix nous parvient du Chili, il me prend l'envie que l'on trouve ci-dessous, dans ce qui n'est pas encore un blog mais plus tout à fait un placard à souvenirs, le texte de l'extraordinaire hommage qu'il rendait à son ami Jacek Kuron le lendemain matin de sa mort à Varsovie, il y a déjà plus de trois ans.
Téléchargement jacek_kuron.pdf
(le 15 novembre 2004 au restaurant La Canaille, Bernard Guetta a participé, avec Ivan Levaï et Claude Cabanes, à un Mille-Feuilles mémorable sur "Le bon usage du journalisme")
10 octobre 2007 dans Qui a tué Serge L. ? | Lien permanent | Commentaires (0)
Il y a tout juste cinquante ans, l'Union soviétique étonnait le monde en lançant dans l'espace un "compagnon de route".
Cela faisait pourtant quatre ans, jour pour jour, que j'étais déjà en orbite...
Géostationnaire ?
04 octobre 2007 dans Balance, ascendant balance | Lien permanent | Commentaires (0)
27 juillet 2007 dans Les Mille-Feuilles | Lien permanent | Commentaires (0)
« Quelqu’un s’avance là et c’est une femme.
Mettons qu’on ne fasse que la regarder et l’entendre. Regarder comment elle parle, entendre comment elle raconte. Non pas ce que ça cache mais ce que ça montre. Quelqu’un s’avance là et tout y est. Le monde entier dans sa voix, ses mots, ses mimiques. Pendant que l’Histoire poursuit son chemin héroïque et vain, un précipité de modernité se pose là et c’est une femme. »
26 juillet 2007 dans Mes années Libé | Lien permanent | Commentaires (0)
Dernier titre paru : Microfictions, "nouvelles", Gallimard, 2007 (cliquer ici).
Prix France Culture / Télérama 2007
24 juillet 2007 dans Les Mille-Feuilles | Lien permanent | Commentaires (2)
Les
(à la mémoire de Gérard Bournoville)
Téléchargement La_Canaille_a_vingt_ans_1.pdf
Téléchargement La_Canaille_a_vingt_ans_2.pdf
Téléchargement Article_pour_les_25_ans_de_La_Canaille.pdf
Téléchargement Tract_lancement_Mille-Feuilles_automne_1998.pdf
Compte-rendu du troisième Mille-Feuilles de La Canaille (8 mars 1999)
Notre ami et camarade Paul Steinberg
– "Henri" dans Si c'est un homme, de Primo Levi –
nous a quittés le 20 décembre 1999, soit peu de temps après cette soirée mémorable. Son témoignage exceptionnel, Chroniques d'ailleurs, vient d'être réédité en format de poche chez Ramsay.
Programme du quatrième trimestre 2000
Modeste contribution des Mille-Feuilles à la chute de la "Maison Chirac"…
Téléchargement Article_Télérama_mars_2004.pdf
Téléchargement DS-Magazine_avril_2004.jpg
Téléchargement Zurban_novembre_2004.jpg
Téléchargement Beudi_Ganaillou_avril_2005.jpg
Téléchargement Interview_Espaces-Verts_printemps_2005.jpg
Téléchargement Portrait_Marais.eVous (05-10-05).pdf
Téléchargement Zurban_février_2006.jpg
Programme de l'avant-dernier trimestre à La Canaille
Programme du DERNIER trimestre à La Canaille
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21 juillet 2007 dans Les Mille-Feuilles | Lien permanent | Commentaires (0)
« Un journal du matin suffira toujours à me donner de mes nouvelles. »
(André Breton, Nadja, 1928)
Les fichiers PDF sont assez lourds. Patienter pendant leur téléchargement.
Sorj et Florence, jadis et naguère :
Téléchargement Florence_par_Sorj.pdf
Téléchargement ma_collection.pdf
21 juillet 2007 dans Mes années Libé | Lien permanent | Commentaires (0)
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26 mai 2007 dans Qui a tué Serge L. ? | Lien permanent | Commentaires (0)
Téléchargement Anachronisme.pdf
Mille mercis à l'excellent Pierre Marcelle !
Merci également au site :
et à Florence Trocmé, pour cette élégante annonce :
jeudi 11 janvier 2007
Pierre Bergounioux, Pierre Dumayet, Emmanuel Venet et Gérard Bobillier à Paris, le 15 janvier 2007.
Lundi 15 janvier, la première soirée littéraire « Les Mille-Feuilles » de l’année 2007, animée par Frédéric Fredj au restaurant Candide, réunira Pierre Bergounioux, Pierre Dumayet, Emmanuel Venet et leur éditeur Gérard Bobillier, à 19h30 précises. Réservation indispensable.
Candide
6, avenue Parmentier
75011 Paris
Métro : Voltaire / Léon Blum
Tél. : 01 43 79 11 75
Rédigé par Florence Trocmé le jeudi 11 janvier 2007 à 16h12
http://poezibao.typepad.com/poezibao/2007/01/pierre_bergouni.html
15 avril 2007 dans Les Mille-Feuilles | Lien permanent | Commentaires (0)
Téléchargement MF_trim2-07.pdf
Téléchargement MF_trim2-07.jpg
Et la trace "en ligne" d'une soirée hélas annulée :
Lecture groupée
Publié le samedi 23 septembre 2006 à 0h00
Qui pense encore que la lecture est un plaisir solitaire ? Rien de mieux qu'un livre pour rassembler les amateurs entre ses lignes (…).
- Librairie Les Cahiers de Colette, 23 rue Rambuteau, 4ème, 01-42-72-95-06, www.lescahiersdecolette.com. Lundi 12h-19h30, du mardi au samedi 10h-19h45, dimanche 10h30-13h & 15h30-19h. Cette librairie est une escale prisée des écrivains, pour ne pas dire incontournable. Colette porte un regard bienveillant sur ses hôtes lettrés, qui le lui rendent bien.
- Restaurant Candide, 6 avenue Parmentier, 11ème, 06-08-43-50-53.
Frédéric Fredj fait salon au Candide, où il invite les passionnés de lecture à partager sa table, en compagnie d'écrivains. Le prochain gueuleton littéraire aura lieu le 13 novembre à 19h30, avec Pierre Michon et Pierre Bergounioux pour leurs derniers livres, ainsi que Gérard Bobillier, directeur des éditions Verdier
(25 € la soirée avec le repas). De quoi se mettre en appétit…
Carole Lefrançois
Pour lire l'article complet :
http://www.telerama.fr/divers/18644-lecture_groupee.php
15 avril 2007 dans Les Mille-Feuilles | Lien permanent | Commentaires (0)
15 octobre 2006 dans Mes années Libé | Lien permanent | Commentaires (0)
15 octobre 2006 dans Qui a tué Serge L. ? | Lien permanent | Commentaires (0)
20 mai 2006 dans Lorsque les dieux faisaient l'homme (Jean Bottéro) | Lien permanent | Commentaires (0)
20 mai 2006 dans Lorsque les dieux faisaient l'homme (Jean Bottéro) | Lien permanent | Commentaires (0)
20 mai 2006 dans Lorsque les dieux faisaient l'homme (Jean Bottéro) | Lien permanent | Commentaires (0)
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